Je l'ai rencontré , un soir , au bord dela mer, prés du port de Nice. Il était blond, et ses yeux reflétaient le grand
bleu de la Méditarrannée.
Tout habillé de noir, il était grand . Quand il élevait ses mains vers le ciel, ses doigts effilés
semblaient carresser la lune. Son regard , alors, se chargeait de nuages et son âme s'abandonnait dans les ténèbres de ses souvenirs
Il m'apparut ainsi.
Plus graves furent ses paroles. Un feu de lave brulait l'espoir qui l'habitait.Son tourment le dévorait, lui laissant de
chimériques oripeaux , pour se protéger contre les intempéries de l'existence. Le passé le tenaillait , son présent se construisait de bric et de broc et le futur en
perspectives délabrées.
Vivre le jour et ne pas se laisser mourir la nuit. Combler le vide de son existence par un mode de vie invivable. Donner
son corps pour ne pas donner son âme. Assouvir les fantasmes des autres en abandonnant les siens. Se fuir , s'oublier dans les bras de l'autre, sans demander de retour.
C'était sa défense, son imuinité contre ses semblables.
La mer était sa seule compagne . Elle lui parlait. Il aimait la pénétrer, sonseul acte d'amour. Il lui consacrait beaucoup de son temps. Il s'immergait dans l'espoir de disparaitre mais son corps le ramenait à
la surface. Il se sentait impuissant à s'en séparer. La vie le tenait prisonnier.
La chaleur, incapable pourtant de réchauffer son coeur, le rassurait . Le froid ravivait ses angoisses. Aucune parole ne
pouvait l'embraser
C'était un homme blessé.
Il parlait souvent de cabane, mot magique résumant son adolescence. Pour lui, maléfique dans son usage, pour les autres
excitant. Il l'utilisait comme mot de passe.
Elle n'existait que dans son imaginaire. Le mot teintait à son oreille comme le son du gong annonçant l'ouverture des
festivités. Le message était rapidement capté. Trés tôt, il avait su se vendre. La cabane ne représentait pas un toit pour lui, ni un refuge pour se retrouver mais un bordel dans lequel il se
prostituait. Il s' était habitué à devenir un jouet de concupiscence et s'adonnait au plaisir de donner cette jouisance qui le rendait méprisable aux yeux des autres.
Se faire prendre avec violence , se faire posséder , c'était son crédo une prière qu'il s'adressait . Il se dépossédait
de son corps.
Il ne croyait pas en lui, il ne croyait en personne.
Une ombre sombre se donnait à la noirceur des désirs des autres.